vendredi 7 décembre 2018

Gilets jaunes et politiques locales



Que dire à propos du mouvement des Gilets Jaunes qui n'ai pas été dis, disséqué, analysé, tamisé, ressassé, déformé ? Comme il est un mouvement protéiforme je ne prendrai pas le risque de faire une analyse macro mais je préfère prendre le parti de le voir au travers de mon prisme de petit élu local.

Nos représentants nationaux semblent complètement dépassés tellement la vie politique et la société française a été structurée depuis des décennies par une pyramide hiérarchique, seulement le numérique, en réduisant les distances et le temps nécessaire aux communications, accélère ce mouvement d'horizontalisation de la société.

En tant qu'élu dans notre système actuel de démocratie représentative, au niveau politique comme au niveau syndical, cela interroge sur le positionnement et le rôle de chacun tant la défiance est grande de la part des citoyens. Car le problème actuel n'est pas un simple problème de consentement à l'impôt (le fameux ras-le-bol fiscal), ou seulement un problème social, de fracture territoriale, encore moins de déni de l'urgence climatique, il est DÉMOCRATIQUE !

Le citoyen du XXI° siècle veut sortir de l'infantilisation dans laquelle la classe politique et la technostructure l'ont enfermé, il ne boit plus les paroles déversées par En-Haut, il voit bien que la complexité du monde est trop souvent utilisée comme alibi pour lui confisquer sa souveraineté.

Et cette soif de participation se vérifie à tous les étages de nos institutions, bien que pour l'instant l'élu local ne fasse pas encore l'objet d'un rejet massif comme c'est le cas avec nos représentants nationaux mais si la posture de l'élu local ne change pas avec cette transformation de notre société, cela pourrait bien devenir le cas.

Les collectivité territoriales étant de plus en plus dépendantes des décisions nationales en terme de dotations et de normes, les citoyens comprennent de moins en moins l'impuissance contrainte de leurs maires. Même à notre échelle territoriale les problèmes à appréhender sont complexes et bien souvent les élus doivent s'appuyer sur les techniciens des collectivités, mais je suis certain que les politiques locales seraient plus pertinentes et acceptées si elles étaient co-construite avec les citoyens et non seulement subies par eux. Les solutions ne peuvent plus venir uniquement des politiques publiques locales, les citoyens eux-mêmes ne veulent plus se contenter d'être des consommateurs passifs de la volonté de leurs représentants.

Nous devons reconstruire collectivement notre rapport à la Cité et à la politique, c'est la seule radicalité pérenne et constructive qui vaille !

Dans un article de 2016 à propos du mouvement Nuit Debout en comparaison avec les partis politiques traditionnels j'écrivais :
Il me semble que nous assistons à un basculement longtemps annoncé mais pas encore réalisé : le passage d'une démocratie représentative à une démocratie (mature ?) via le développement de la démocratie participative.

Et c'est une bonne chose, cela va dans le sens de l'histoire. La crise démocratique est grave, profonde, mais nécessaire pour sa transformation et sa régénération ! Les institutions changeront lorsque les mentalités auront changées, les mouvements pour la 6ième République (Mouvement pour la 6ième République et Convention pour la 6ième République) ont produit beaucoup d'analyses intéressantes sur le sujet, mais nous ne sommes encore qu'au milieu du gué.

Les citoyens français (au sens large, je parle ici des citoyens et non pas uniquement du peuple de Gauche) veulent reprendre leur place dans la vie de la cité, mais qu'elle peut-elle être ?
  • chez soi ? Et ne s'exprimer que via son bulletin de vote ?
  • dans la rue ? Et rejeter le système en bloc dans un manichéisme total ?
ou dans un lieu de dialogue au sein duquel élus et citoyens peuvent échanger de manière directe ?

À l'aube de 2019, qu'attendons-nous ?


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